Honneur à Etel Adnan • L’Apocalypse arabe

C'est au cours des deux premières années de la guerre civile qu'Etel Adnan, à l'âge de cinquante ans, débute l'écriture de ce que beaucoup considèrent comme un monument de la poésie de la seconde partie du XXe siècle. Cet ensemble de 59 poèmes, 59 comme les 59 jours du siège infligé par les phalangistes au camp de réfugiés palestiniens Tall al-Za'tar qui prit fin par le massacre de plusieurs milliers de ses habitants, est sans équivalent. Sous la figure magistrale du soleil, c'est une explosion de sons, d'images, de références littéraires et historiques, c'est un lyrisme haletant, une évocation de fin du monde inspirée aussi bien par les horreurs de la guerre que par l'Apocalypse de Jean, une fulgurante puissance verbale. Ne serait-ce que par cette seule œuvre, publiée en 1980, la poétesse, essayiste et peintre Etel Adnan occupe une place unique parmi les créateurs de notre époque.